Jeannot Bombenga: «A 85 ans, je sollicite qu’on m’aide à quitter la scène dignement

Musique

Jeannot Bombenga: «A 85 ans, je sollicite qu’on m’aide à quitter la scène dignement et non de financer et fêter avec éclat ma disparition»

Ce matin, j’ai reçu l’appel de l’artiste musicien Jeannot Bombenga qui me relance pour organiser les festivités de ses adieux sur scène. Il me dira que cela fait trois ans qu’il me demande de le faire mais il n’y a rien qui se fait . J’ai même approché la ministre mais il n’y a rien qui se fait. «Tu es mon fils je te demande de tout faire pour qu’on m’organise de mon vivant à l’occasion de mes 85 ans des festivités pour que je quitte dignement la scène et pour l’ensemble de mes œuvres. Je voudrais que tu sois le porte-parole pour le dire à tout le monde », m’a-t-il dit. Et c’est ce qui m’a le plus touché. Il a conclu en disant : «je sais qu’on m’aime et qu’ils cotiseront gros pour mes obsèques mais ces gens ne savent pas dans quelles conditions je vis. 

Je ne vois plus bien et je ne chante plus comme à mes 20 ans même si je monte sur la scène. J’ai l’impression que je suis resté tout seul et que j’ai presque enterré tout le monde».

Jeannot Bombenga Wewando, à moins d’un mois de ses 85 ans, a insisté avec une voix chevrotante et des yeux larmoyants pour qu’on lui organise, de son vivant, une grande fête au cours de laquelle il va quitter la scène avec des décorations et des cadeaux pour l’ensemble de ses œuvres. 

Le vieux musicien qui monte encore sur scène en dépit du refus de son corps refuse qu’on lui fasse des manifestations grandioses après sa mort. Depuis trois ans, Bombenga, sentant sa mort prochaine, sollicite ardemment l’organisation de ce «jubilé» et reçoit en contrepartie de l’indifférence. Pour manger et survivre, il est obligé d’animer des concerts. Et encore, quels concerts ! Il m’avoue avoir constaté que chaque weekend, les gens viennent uniquement pour écouter sa musique et pas pour s’occuper de lui. Pire, ils ignorent même sa présence ! 

«Si dans l’ensemble de mes œuvres qui sont diffusées dans les radios au pays et à l’étranger, on me payait, je ne demanderais pas qu’on me fasse des cadeaux», regrette-t-il. 

Néanmoins, il félicite le Gouvernement pour ce qu’il fait notamment en décorant et en enterrant dignement les musiciens. Il souhaite que ces honneurs lui soient faits DE SON VIVANT. Il y a un an, le ministère de la Culture lui a promis des manifestations grandioses. Il n’a rien vu depuis. Il y a deux ans, le Premier ministre a fait des promesses analogues. Ça fait long feu. Si je comptabilise toutes les promesses, je serais riche, dit-il.

Ce papier, Bombenga m’a demandé de l’écrire. Il aimerait que le pouvoir l’aide à quitter la scène. Et cette fois, il va la quitter le 25 août, à l’occasion de l’anniversaire de ses 85 ans, manifestation ou pas. Il demande au Ministre de l’Intérieur et au Gouverneur de la Ville de ne pas faire ce qu’ils ont fait pour Lutumba ; mais ils doivent savoir qu’il fait partie des pionniers de l’indépendance, pour ce qu’il a fait pour le pays et pour l’ensemble de ses œuvres.

EALE IKABE